Article paru dans Biocontact 2006
A Rio, 170
nations avaient décidé de ramener leurs émissions de gaz à effet de serre au
niveau de 1990. Mais au cours des dix dernières années, ces émissions ont
augmenté de 9% dans les pays de l’OCDE[1] (de 18% aux Etats-Unis). Johannesburg qui, plus que de faire un
bilan, devait mettre en action les principes de Rio, représente sous certains
aspects un recul. L’atténuation du "principe de précaution" par
l’utilisation du terme « approche de précaution » engendre le risque
qu’une incertitude scientifique demeure un frein à la mise en œuvre rapide de
solutions. Il suffit d’appliquer cela au changement climatique pour en imaginer
les conséquences. Le "principe des responsabilités communes mais
différenciées" ne fait pas non plus l'objet de réaffirmation globale. Dans
la déclaration finale de Johannesburg, il n’apparaît donc pas clairement que la
responsabilité des pays les plus pollueurs est un facteur primordial. Johannesburg apparaît ainsi tres
décevant au regard des enjeux : on devait aboutir a une évaluation de ce qui
n’a pas fonctionné depuis Rio, et à un plan d’action surmontant les
insuffisances de l’ancien plan, et le Sommet accouche de vagues déclarations
moins ambitieuses que celles de Rio.
Rio avait conduit à la
naissance du Protocole de Kyoto, outil qui, à l’origine devait permettre de
conduire petit à petit à des concentrations atmosphériques de gaz à effet de
serre assurant un état acceptable du climat. Mais comment croire qu’il remplira
l’objectif ainsi décrit s’il n’est pas impulsé par des objectifs plus ambitieux
que ceux actuellement prévus pour 2012, c’est à dire une stabilisation globale
des émissions par rapport au niveau de 1990? Car à l’heure actuelle, le
consensus scientifique estime qu’il faut dès aujourd’hui diminuer de 60% nos
émissions pour obtenir une stabilisation des concentrations dans l’atmosphère[2]. Avec la ratification de la Pologne, la promesse de la Russie de faire de même, le
Protocole de Kyoto aujourd’hui rencontre l’espoir de rentrer bientôt en vigueur
car ces deux ratifications permettent de dépasser le quorum nécessaire pour la
mise en œuvre du Protocole. On voit donc que la question n’est plus celle de la
mise en œuvre du Protocole, mais celle de ses objectifs. Rappelons le seul
objectif du Sommet de Johannesburg pour le climat : "Les Etats qui ont ratifié le Protocole appellent les
Etats qui ne l'ont pas encore fait à ratifier le Protocole en temps et
heure".
C’est là aussi que l’on
attendait Johannesburg et c’est aussi là que l’on a été déçus. Plus que de la
déception, c’est maintenant de l’inquiétude. Les inondations en Chine, en
Europe, en Amérique du Sud, les sécheresses aux Etats-Unis, en Afrique et en
Océanie sont là pour nous le rappeler. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé,
le nombre des grandes inondations est passé de 66 en
1990 à 110 en 1999. Le nombre de personnes tuées par ces catastrophes en 1999
est deux fois plus important que n'importe quelle autre année de cette décennie. Il
n’est plus temps de douter ni même d’attendre. Le président de la république
française l’a clamé dans son discours de Johannesburg, montrant que la
conscience du problème était forte mais négligeant de rappeler Ô combien les
actions de son gouvernement restent faibles.
Faut-il aussi parler
de l’énergie, aspect lésé de tout objectif concret et pourtant fondamental à la
fois pour le climat et pour les populations ? Le Plan d’action prévoit
uniquement d’ « accroître de manière urgente et substantielle la part
globale des sources d'énergies renouvelables ». L’Union Européenne a
proposé un objectif chiffré sur la part des énergies renouvelables dans le
monde en 2010, les ONG en ont proposé un autre ; les deux propositions
étaient tout à fait réalisables mais aucune n’a été retenue du fait d’une trop forte opposition
des pays de l’OPEP.
Mais tentons de rester optimistes,
le Sommet aura permis une couverture médiatique importante des questions de
développement durable et l’espoir réside maintenant dans la prise de conscience
des citoyens. Enfin ce sommet aura permis de manière géopolitique d’affirmer
l’isolement des Etats-Unis, en partie grâce à la décision prise par nombre de
pays de ratifier le protocole de Kyoto. A cette nation maintenant de juger si
cet isolement est à son avantage.
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