3/18/2016

L'après-développement version indigène. Revue S!lence, 2007

 

Par Sabine Rabourdin, auteur de Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes, Delachaux et Niestlé, 2005.
Publié dans la Revue Silence



Près de 6000 cultures non occidentales existent encore en ce début de millénaire, représentées parfois par quelques individus et parfois par plusieurs centaines de milliers. L’indigénisme est à la mode. De la Bolivie au Chiapas, en passant par le cinéma, ils sont de plus en plus nombreux, à faire entendre leur voix.

Ce n’est pas qu’un effet de mode. C’est un effet d’enjeux. Les enjeux de l’accroissement des inégalités, ceux du dérèglement climatique et des tensions sur les ressources ou l’espace agricole et viable. Tous ces enjeux appellent des solutions, et certaines d’entre elles semblent se trouver à la source. A la source de ce qui lie l’Homme à la Terre.

Dans la quête d’un après-développement, il semblerait donc que les peuples indigènes aient quelque chose à nous proposer. Le développement a été une quête de sociétés modernes, qui a orbité autour de quelques valeurs phares : le cartésianisme, la croissance, l’économie de marché, la technologie à échelle industrielle. L'après développement se pose donc en rupture ou, du moins, en dépassement de ces valeurs. Dans ce cas, n’est-il pas évident que les peuples traditionnels offrent en effet, quelque intéressante option ?

Il ne s’agit pourtant de dire que ces peuples présentent un idéal à tous les niveaux. Il s’agit ici, mais c’est déjà beaucoup, de s’inspirer de la manière dont l’homme s’intègre dans l’écosystème Terre. 

                        La société en lien direct avec son écosystème

Au fil de l’histoire des civilisations, les ressources ont fait l’objet de toutes les attentions. Là où elles étaient facilement accessibles, s’installaient des populations qui devaient se battre pour garder leur place. Dans cette lutte pour la ressource, certaines sociétés ont été absorbées dans les sociétés colonisatrices et d’autres se sont retranchées en des lieux moins convoités, où les ressources étaient moins abondantes. Les sociétés traditionnelles vivent aujourd’hui dans ces lieux hostiles ou, du moins, en des lieux où les ressources ne sont pas aussi facilement accessibles qu’ailleurs.
Citons des exemples : le Ladakh, région septentrionale de l’Inde Himalayenne, semble inhabitable : l’aridité côtoie l’altitude, et les rares villages qui y ont pourtant élu domicile apparaissent comme une gageure. Ailleurs, les bushmen du désert du Kalahari, ou encore les Inuits de l’Arctique nous font l’effet de miraculés. Et pourtant, ils vivent bien en ces lieux.

Ce qui est troublant et à la fois admirable, dans ces peuples de l’extrême, c’est que leurs erreurs de comportements envers la nature sont directement sanctionnées par l’hostilité du milieu et la rareté des ressources. Ces sociétés se donc sont organisées (règles, régulations) en relation avec leur milieu et en fonction de la ressource. Elles ont ainsi pu préservé un équilibre dans lequel elles se sont insérées et qui leur a permis de perdurer. Les hommes et les femmes qui vivent au Ladakh ont ainsi posé des contraintes sociales à leur développement ce qui permet de préserver la fertilité des terres. Au moindre écart, c’est le village entier qui se trouve menacé.
Ceux qui vivent dans des sociétés de consommation, c'est-à-dire des sociétés où l’excès de consommation n’est pas sanctionné mais au contraire valorisé, l’équilibre avec l’écosystème est disloqué. Dans ces sociétés, le retour de bâton n’est pas direct quand elles épuisent l’écosystème. Car, ce qui les caractérise est l’absence de lien direct avec l’écosystème. Elles se nourrissent et recrachent dans la marmite du voisin (typiquement, les pays du Sud), et c’est celui-ci qui se récupère le coup de bâton quand les ressources locales arrivent à épuisement ou que la terre (la marmite) est polluée. Les sociétés de consommation changent alors simplement de marmite.
Le dérèglement climatique est une aberration exacerbée du système des sociétés modernes, dont les conséquences de comportement inadapté se ressentent en décalé. Car, à quoi est dû ce dérèglement ? Sinon à la production en excès de gaz à effet de serre par rapport à ce que la Terre peut recycler ?
La Terre nous offre une marge de manœuvre dans la recherche de l’équilibre, un équilibre dynamique. Elle absorbe nos dépassements et compense nos manquements, dans une certaine mesure. A nous d’évaluer cette mesure et la manière dont nous pouvons y épanouir notre liberté. Est-ce en employant des ingénieurs en déchets et dépollution ? Est-ce en envoyant nos gaz à effet de serre dans les profondeurs des océans sans garantie qu’ils y restent ? Est-ce en puisant aveuglement dans les ressources jusqu’à ce que la marmite soit vide ?

Il faudrait se baser sur la même relation que celle qui anime les peuples traditionnels : pour évaluer nos ressources disponibles et notre impact polluant, il nous faut faire comme si l’on ne pouvait se nourrir que de notre territoire. Il faut établir une relation directe entre la société et son écosystème, c'est-à-dire le territoire sur lequel elle vit mais aussi la biosphère dans son entier. Et limiter notre pollution à ce que la nature peut absorber, et nos consommations à ce qu’elle peut renouveler. La décroissance aspire à cela, les peuples indigènes le vivent. En ceci ils ont beaucoup à échanger dans une « nouvelle vision du développement » ou du « développement durable ».
Et à ce titre, « développement » est un mot à éradiquer. Des peuples indigènes proposent [1] « environnement et humanités durables », car ce n’est pas le développement qui doit être durable, mais l’humanité et l’environnement.
 

                        L’homme, élément d’équilibre

Les sociétés qui ont entretenu un lien privilégié avec un territoire, qu’on nomme indigènes ou traditionnelles, ont certainement, plus que d’autres (collectivement parlant) compris le lien d’interdépendance qui les unit à la Terre.
Avant de penser une nouvelle forme de développement auprès des pays du Sud, il est essentiel de revenir à la compréhension de ces racines.
Si les peuples traditionnels ont essayé de modérer leur empreinte sur la Terre, ils ont aussi tenté de s’unir à elle, dans une relation où l’homme n’est plus « hors » de la nature, mais en fait partie.
Faire partie ? Qu’est-ce que cela peut signifier ? Prenons l’exemple des Achuar, des chasseurs-cueilleurs d’Amazonie[2], qui ne font pas de distinction antinomique entre deux mondes opposés : le monde culturel de la société humaine et le monde naturel de la société animale, végétale et minérale. Pour eux, l’homme a un droit de vie au même titre que n’importe quel autre entité dans l’univers. De ce droit découle un devoir, un devoir d’intégration.

Difficile de décrire à un occidental ce que « en faire partie », « intégration » ou même « entrer en relation avec la nature » peut signifier, car l’occidental est élevé dans la tradition cartésienne et rationnelle qui catégorise au maximum et qui, par ce biais, crée des frontières dans les concepts autant que dans les sentiments. Et qui a tendance à oublier qu’une molécule qui pénètre une cellule, c’est un échange d’informations. L’interdépendance est omniprésente sur Terre. Et l’échange permanent.

Dans la relation avec les peuples traditionnels, on ne peut d’ailleurs pas s’extraire de concepts spirituels, car ceux-ci sont fondateurs. Par exemple, écoutons ce décret, précurseur en la matière, proposé par le cinquième Dalaï-lama, réglementant la protection de l’environnement dès 1642 :
 « L’environnement intérieur est la symbiose entre les esprits, la vie des hommes, et la nature qui les entoure. »

Dans la mythologie Touareg l’homme noue un pacte sacré qui le lie à la terre par une promesse de sauvegarde réciproque en cas de non respect de cet équilibre protecteur, la sauvegarde est remplacée par la menace.

La recherche d’harmonie avec la nature n’est pas le simple désir de durer, cela va au-delà, car ce qui est en jeu n’est pas seulement l’existence individuelle sur Terre mais l’existence de leur société, de l’humanité, de la Vie et de l’Etre.

Là se trouve peut-être l’essentiel : rechercher l’équilibre et l’entretenir.

Ainsi, tel un boomerang, la nature est perçue par les Aborigènes d’Australie comme une entité à rétroaction, toute blessure que vous lui infligez vous revient dessus tôt ou tard :
«  Quand vous détruisez un site, vous créez une ride qui va tout sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit l’équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la maladie et les mort des gens et de la nature » [3]
Le Rêve des Aborigènes australiens, c’est ce qui relie toute chose, homme, animal, plante ou matière, au Bugarrigarra où il est né, où il retourne quand son corps s’éteint.
Quand une compagnie étrangère veut creuser une colline pour y chercher des diamants, les Aborigènes d’Australie ne s’y opposent pas en disant qu’il y a un risque d’érosion mais parce que cela va « briser la chaîne du rêve ».
Cet équilibre écologique traverse tous les plans de la pensée indigène. Il ne doit pas être perçu comme statique, c’est un état dynamique fait d’échanges continuels au niveau de tous les éléments naturels.
« Vous ne pouvez aimer le gibier et détester les prédateurs ; vous ne pouvez protéger les eaux et détruire les montagnes ; vous ne pouvez entretenir la forêt et saboter la ferme. »[4]
L’homme, fondamentalement, participe de cet équilibre. C’est sans doute le plus grand oubli de l’occident. Et tant que cet oubli ne sera pas retrouvé, l’échange Nord/Sud restera stérile et le développement ne pourra jamais se métamorphoser en « environnement et humanités durables ».

                        Diversifier au lieu d’uniformiser

Diversifier la production mais éviter la surproduction


L’ère commerciale actuelle exploite sans merci les quelques produits qui, pour le moment, procurent un avantage financier. Elle dédaigne et détruit souvent tout le reste. Cette attitude conduit à une homogénéisation croissante, la rentabilité étant construite sur le mode de la réduction des coûts à grande échelle. D’où les chaînes de production industrielles, d’où la production agricole monospécifique intensive.

Le rapport à la production et aux besoins matériels procède d’une conception du monde différente chez les sociétés.

Le mode d’échange traditionnel, intrinsèquement adapté aux besoins et hostile au surplus, est une des clés de l’équilibre entre l’homme et la nature. Parce que ces peuples sont en premier lieu orientés vers l’autosuffisance et seulement en second lieu vers la production d’un surplus pour le commerce, leurs économies et leurs techniques traditionnelles sont appropriées à la préservation des ressources.
On a remarqué que la rareté de certaines ressources concentrées (et donc défendables) favorise l'émergence de compétition agressive entre les individus d'une société. De même que l’abondance de ressource limite les tensions, mais ne les empêche pas.
Seule la rareté de l’ensemble des ressources (ou la vision d’une rareté ou du caractère limité et précieux de la ressource) crée l’entraide.
C’est peut être ce qui explique l’entraide si spectaculaire des peuples indigènes. Chez les Yanomamis d’Amazonie, comme dans de nombreuses autres sociétés traditionnelles, offrir est une vertu, posséder n’est pas une richesse. La manière de se répartir le butin exprime la solidarité qui lie les Indiens entre eux. Car le milieu de la forêt tropicale n’est pas si prodigue qu’il y parait.

Chez les Bochimans,

« Chacun prend où il le trouve ce dont il a besoin, mais ne prend  rien de plus. C'est à cette condition que la nature reconstitue le fond commun. » [5] 

Ce qui sera sûrement difficile à apprécier par un homme moderne, c’est le revers de cette entraide, c'est-à-dire l’absence de valorisation de l’individu et sa soumission au bien-être de la communauté dans son ensemble. L’individu n’est rien, la communauté est tout. C’est peut-être ce qui explique l’absence de recherche de profit et l’incompatibilité majeure entre notre désir de croissance économique et leur absence de surproduction. Marshall Sahlins a montré que si ces sociétés ne rentabilisent pas leur économie, c’est  parce que le profit ne les intéresse pas :

« [Les indigènes de ces sociétés] s’enorgueillissent de leur aptitude à évaluer leurs besoins et à produire juste assez de taro pour les satisfaire. »[6]

Les systèmes d’organisation de l’espace et de la production sont souvent fondés sur des échanges complexes entre communautés qui permettent d’optimiser la satisfaction des besoins. Ils sont ainsi faits qu’ils permettent d’éviter la production de surplus et le gaspillage (entraide-sociale, multiplicité des ressources).

Reichel Dolmatoff explique ainsi que les indiens Tukanos de Colombie ne se soucient guère de maximiser les gains à court terme ni de se procurer plus de nourritures ou de matières premières qu’il n’est nécessaire. « En revanche, ils s’emploient continuellement à mieux connaître ce que le monde physique requiert de l’homme. Ce savoir, estiment-ils, est essentiel à la survie car l’homme doit se mettre en adéquation avec la nature pour participer à son tour et ajuster ses besoins à ce qu’elle lui offre. »[7]

Les sociétés traditionnelles, dans leur production de biens, ont des priorités autrement différentes que la simple rentabilité immédiate, et notamment la recherche d’une plus grande durabilité. L’exploitation intensive des sols est peut être rentable à court terme mais elle épuise vite les sols et les rend dépendants d’un apport artificiel d’intrants.

Epanouir les potentialités des territoires


Une multiple utilisation d’une même terre peut aider à minimiser la ponction sur le milieu. C’est une attitude que l’on retrouve chez beaucoup de peuples indigènes, qui généralement combinent multi-usages et multi-acteurs sur un même lieu. En Extrême Orient, des systèmes de production associant l’agriculture et l’aquaculture  obtiennent des rendements parfois remarquables. Ceci limite le besoin de surface agricole : de telles productions, comme les mares d’argile des paysans Tonkinois, se font souvent sur des surfaces qu’on qualifierait de nos jours, vu l’aspect de nos exploitations, de lilliputiennes. L’intelligence de ce mode de production est d’intégrer plusieurs systèmes les uns aux autres : les excréments des lapins tombent dans une mare à poissons et à canards et la fertilisent ; celle-ci s’écoule dans des rizières et des potagers, dont les déchets agricoles nourrissent en retour les lapins, qui nourrissent les hommes (et les déchets des hommes retournent à la terre) ! Dans d’autres cas, deux rizières, tantôt  remplies, tantôt vidées, font alterner riz et poisson, canard et fruits de mer, etc.

Les sociétés traditionnelles misent sur la diversité et le multi-usage. Les paysans andins cultivent une partie de leurs terres en haute altitude, là où pourtant les rendements sont médiocres, ceci afin d’améliorer leur sécurité : en cas d’attaque parasitaire sur leurs champs de basse altitude, ils disposeront en effet toujours d’anciennes semences.

La polyculture favorise une microflore et une microfaune indispensables aux processus de décomposition, et donc à la fertilité du sol, souvent amoindrie par les pratiques exclusives et intensives. Elle permet ainsi souvent d’éviter le recours aux apports artificiels (engrais, pesticides,…). Cultivées ensembles, ces plantes s’entraident : l’une fixant l’azote, une autre aérant le sol avec ses racines, une autre procurant une protection parasitaire et permettent de mieux lutter contre la contamination des maladies. Sur les parcelles cultivées d’Amazonie, les plantations en polyculture où sont mélangées les plantes de hauteur différentes protègent le sol des effets destructeurs du climat, imitant les différentes strates arborescentes de la forêt. La complémentarité des espèces fait écho à la vision globale de l’écosystème comme un ensemble complémentaire, dont l’homme n’est pas exclu.

L’agroforesterie pratiquée en Asie du sud représente l’une des pratiques les plus évidentes de gestion durable des forêts. Le paysan  tropical n’a jamais de lui-même, profondément séparé l’agriculture de la forêt, ni la forêt de l’élevage. La grande diversité de ces systèmes réduit les risques de mauvaises récoltes. La stratégie consiste à planter dans les champs des espèces utiles (médecines, nourriture…) qui pousseront dans la forêt lors de la mise en jachère des terres. Le champ devient la forêt…la forêt le champ… L’homme modifie la forêt à son usage, tout en augmentant la biodiversité présente. Un système d’agriculture itinérante sur brûlis à Bornéo par exemple, favorise la régénération forestière tant que les temps de mise en jachère sont suffisants. Mais s’il y a réduction des terres par des pressions extérieures (exploitants forestiers par exemple), le système peut devenir destructeur. On revient à cette notion indispensable d’équilibre dynamique.


Les sociétés traditionnelles font donc preuve de beaucoup d’art et de maîtrise dans la gestion des terres, et si cette façon de voir l’enchaînement de la matière et de l’organiser s’enrichissait des nouvelles connaissances de l’Occident, il y a de fortes raisons de croire qu’on assisterait à un réel progrès…

Penser local, penser dans la continuité

Ce qui différencie la société traditionnelle du monde moderne, c’est surtout le soucis de transmission des savoirs, de génération en génération, le lien de continuité et le culte des ancêtres. Ce qui n’empêche pas l’innovation mais au contraire la favorise. Riches de l’expérience du passé, et forts de la capacité d’adaptation aux variations et aux contraintes du milieu naturel,  il se crée une grande flexibilité.

L’habitude traditionnelle de recourir essentiellement aux ressources locales (40km est une bonne distance) est peut-être né d’une contrainte. Mais elle peut renaître d’un choix pensé, comme le concept moderne de « biorégionalisme » le suggère. En pensant local, on réduit les « délocalisations » et les pollutions liées au transport.

De même, une société durable nécessiterait des technologies appropriées. D'après l’Appropriate Technology Sourcebook[8] , les technologies appropriées sont des technologies qui requièrent peu de capital, utilisent les matériaux disponibles localement, demandent peu de main d'oeuvre, sont accessibles aux groupes familiaux ou communautaires, peuvent être comprises, contrôlées et entretenues par des personnes locales sans haute formation spécifique, peuvent être réalisées dans des villages ou petits ateliers, peuvent être adaptées à différents lieux en différentes circonstances et sont utilisées sans dommage pour l'environnement.

Le respect de l’environnement est donc un critère d’une technique appropriée. Pour certains Indiens d’Amazonie, nous explique Jean-Patrick Costa,

« la recherche d’équilibre explique pourquoi la tradition indienne est incapable de concevoir un développement technique qui se ferait au détriment du milieu naturel, ou même une action individuelle excluant la prise en compte d’éventuelles conséquences sur l’environnement. »[9]

La recherche d’équilibre avec le milieu, que l’on retrouve dans les sociétés indiennes mais aussi dans beaucoup de sociétés traditionnelles va ainsi jusqu’à orienter nettement leurs choix technologiques.

Quelque en soit la réponse, il ne s’agit pas de dire qu’il faut remplacer les techniques modernes par des techniques traditionnelles, mais qu’il faut s’inspirer de cette attitude qui consiste à placer l’équilibre avec le milieu comme critère de choix pour le développement (si tant est qu’il soit voulu).
L'impossibilité et les limites philosophiques d'une hypothétique solution technique trouvent peut-être une issue dans l'intérêt à porter aux pratiques soucieuse du local des peuples traditionnels.


                        De nouvelles valeurs

Si le colonialisme puis le libéralisme ont été vecteurs de l’utopie de la croissance, qu’est-ce qui sera vecteur de ce que certains appellent la décroissance ou simplicité volontaire, réclamée par les actuels enjeux planétaires ?
Les nouvelles valeurs doivent sûrement tourner autour des notions d’équilibre, de diversité et de complémentarité, dans la prise de conscience que nous dépendons de ce qui nous entoure tout comme nous sommes en constant échange avec cet environnement, humain ou non humain.

Le vecteur ne doit plus seulement se décliner du Nord vers le Sud sur la question de l’après-développement, mais du Sud vers le Nord également. C’est alors supposer que nous soyons aptes à écouter ce qui vient de là et à échanger. C’est supposer que notre système de pensée et de valeurs puissent évoluer.

C’est aussi supposer que nous soyons ouverts à ces nouvelles valeurs : « équilibre » contre « croissance », « diversité » contre « uniformité » de la mondialisation.














[1] « Peuples Indigènes : Humanité et environnement durables » : un film sur Identité, Spiritualité, Culture et Droits des Peuples Autochtones, face au Développement Durable.
Un film documentaire de 45’, témoignage des propositions des Peuples Indigènes au Sommet
Mondial du Développement Durable - Johannesbourg- 2002

[2]Philippe Descola, La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, Paris, Maison des sciences de l’homme, 1986.
[3] Wayne Barker, Termites blancs et fourmis vertes, Ethnies, 1999, vol 13 n°24-25, pp 195-211
[4] Centre-Nord de la Californie : Le peuple Wintu
[5] Extrait de NAMIBIA, Africa's Harsh Paradise, par A. Bannister et P. Johnson, interprété de l'anglais par Bob Dangerfield
[6] Marshall Sahlins, Age de pierre, Age d’abondance, 1976, resp p 51 et p 111.
[7]  Gerardo Reichel-Dolmatoff, The Kogi Indians and the environment Impending disaster, The Ecologist, vol 13, n°1, janvier-février 1983.
[8] Ken Darrow and Mike Saxenian, Appropriate Technology Sourcebook, Village Earth
The Consortium for Sustainable Village-Based Development.
[9] Jean-Patrick Costa, L’homme-Nature, La pensée écologique, Paris, 2000, p 24.

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