L’agroforesterie se place à l'interface des questions d'agriculture, d'environnement et d’économie sociale. En
intégrant des arbres dans les exploitations agricoles, l’agroforesterie
permet de diversifier la production afin d’améliorer les conditions
sociales, économiques et environnementales.
Définition
Les différents types d’agroforesterie donnent différents rôles à l’arbre :
· Les arbres ont une fonction d’ombrage ou d’apport fertilisant pour les cultures.
· Les
arbres sont alignés et servent de brise-vent, de délimitation des
parcelles, de haies vives destinées au contrôle des animaux, ou contre l’érosion.
La production complémentaire associée à ces systèmes est la valorisation du bois-matériaux ou combustible[1].
· L’arbre
est un élément essentiel des agroforêts ou « systèmes agroforestiers
complexes » correspondant à des associations multi strates de plusieurs
espèces, aux utilisations multiples et complémentaires (on parle
également de jardins-forêts). Cette forme est la plus courante en zone
tropicale et pratiquée depuis longtemps par les populations autochtones.
Avantages écologiques de l’agroforesterie
· La protection des plantes les unes par les autres contre leurs parasites permet de réduire l'utilisation d'engrais et de pesticides.
· Les arbres sont plus résistants
à la sécheresse car du fait des cultures en surface, ils doivent
s'enraciner plus profondément et sont donc plus résistants à la chaleur.
· Cet enracinement profond permet de récupérer les nitrates en profondeur et donc de limiter la pollution des eaux.
· L'agroforesterie permet également de contribuer à la biodiversité.
On peut citer l'exemple de la chauve-souris qui ne peut pas chasser les
insectes dans les champs classiques car l'absence d'arbre ne lui permet
pas de se guider avec son système de sonar interne. Lorsqu'on plante
des arbres au milieu des champs, on permet le retour des chauves-souris
et donc la diminution de la prolifération des insectes. En outre, si en
réinstaurant un véritable écosystème, on peut également réintroduire des
nuisibles tels que limaces ou campagnols, on favorise également le
retour de leurs prédateurs, ce qui limite finalement les dégâts
éventuellement causés aux cultures.
· Les
agroforêts fournissent les éléments de substance nécessaires aux
populations humaines, évitant à ces dernières de puiser dans les forêts
« naturelles ». Les agroforêts préservent donc les forêts primaires.
· La diversité
des espèces cultivées sur une même parcelle permet d’étaler les dates
de récoltes et donc de conserver en permanence une bonne écologie au
système.
· La qualité des sols
est également améliorée grâce à la litière formée par la chute des
feuilles et le bois fragmenté que l'on peut produire à partir des
tailles des arbres.
· Les systèmes agroforesteriers permettent de stocker du carbone
dans les plantes et le sol. De plus ces systèmes de cultures engendrent
la diminution de la pression sur des forêts naturelles, dont la
destruction est le plus grand émetteur de carbone terrestre. Enfin, les
technologies d’agroforesterie sont avantageuses pour la conservation du
carbone dans les sols.
Pour
le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC), qui s’est vu attribuer le Prix Nobel de la Paix, « plus d’un
milliard d’hectares sont disponibles pour une conversion à des systèmes
agroforestiers à haute productivité qui ont la capacité de réduire la
pauvreté et la déforestation de manière significative et de séquestrer
du carbone à grande échelle ». D’après le GIEC, dans les 50 prochaines
années de tels projets sont finançables par le marché du carbone. Ils
ont un potentiel de réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère
égal à 50 milliards de tonnes de CO2.
Avantages socio-économiques
· La vulnérabilité
des cultures est réduite : on peut planter différentes espèces au sein
d'une même parcelle, ce qui permet de ne pas perdre toute la production
en cas de maladie ou d'évènements touchant une espèce particulière. Cela
permet également d’étaler les époques de coupes (et donc les gains financiers).
· La productivité
des systèmes agroforestiers est généralement beaucoup plus compétitifs
que les systèmes monoculturaux. La surface et l’absorption de l’énergie
lumineuse sont optimisées et les intrants sont réduits.
· Les arbres poussent plus vite car ils bénéficient à la fois d'engrais, d'irrigation et d'un éclairage optimal facilitant la photosynthèse.
· L’agroforêt
permet la sécurité alimentaire, sanitaire, l’approvisionnement en
matériaux de construction ou d’artisanat, en énergie et garantit aux
familles rurales une certaine autonomie.
· Les projets d’agroforesterie peuvent faire l’objet de crédits financiers dans le cadre de la compensation carbone.
Concernant
la compensation carbone dans le cadre de zero-deforestation : la mise
en place de systèmes d’agroforesterie sur les terres des Shiwiars et
Zaparas[2]
sera une garantie supplémentaire pour assurer la permanence du stockage
de Carbone dans les forêts concernées par la restitution. En effet, les
revenus tirés de cette forme de culture contre-balanceraient les
avantages financiers potentiels d’une déforestation.
Il
est à noter que, pour bien fonctionner, l’agroforesterie nécessite un
bon discernement des interactions écologiques sur chaque écosystème.
En savoir + :fiches d’expériences pour l’échange et la diffusion des expériences
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire