3/17/2016

Article paru dans l'atlas de l'environnement du Monde Diplomatique, le cycle du carbone et le changement climatique, en 2010

http://www.monde-diplomatique.fr/atlas/environnement/a53607

Le cycle du carbone face au changement climatique

Différents gaz à effet de serre sont impliqués dans la crise climatique actuelle. Parmi eux, le CO2 (dioxyde de carbone) et le CH4 (méthane) concentrent à eux seuls les ¾ du problème. On ne peut donc aujourd’hui s’intéresser véritablement au changement climatique sans connaître les rudiments du cycle du carbone.
L’équilibre dynamique que connaissait le climat de la Terre depuis plusieurs centaines de millions d’année était corrélé à un cycle du carbone relativement régulé, semblable à un jongleur qui ferait passer du carbone de l’état solide à l’état gazeux, de la biosphère et des océans, à l’atmosphère. Cette figure bien balancée s’est vue transformée avec l’épanouissement de la révolution industrielle. Les sociétés humaines ont opéré un tel bouleversement par la combustion des combustibles fossiles carbonés que sont le pétrole, le charbon et le gaz dit naturel. Des dizaines de milliards de tonnes de carbone enfoui sous la terre et les océans ont ainsi été rejetés vers l’atmosphère, modifiant les quantités impliquées dans le cycle du carbone. Des millions d’années pour que ce carbone se fossilise et quelques dizaines pour qu’il rejoigne l’atmosphère.
Heureusement, le jongleur a un atout qui compense quelque peu sa perte d’équilibre : la biosphère et l’océan qui constituent un immense réservoir de carbone. Ceux-ci absorbent les « balles » de carbone de l’atmosphère et les intègrent au sol ou les précipite en carbonates (océans). Ils ont ainsi déjà absorbés près de la moitié des rejets anthropiques. C’est la raison pour laquelle on les qualifie de « puits de carbone ».

Concentrations de dioxyde de carbone au cours des 10 000 dernières années (grande figure) et depuis 1750 (figure insérée).

La concentration de CO2 augmente à un rythme près de cent fois plus rapide que jamais auparavant avec la vie. Si les sociétés continuent d’émettre ces gaz au rythme actuel, un doublement de la concentration de CO2 pourrait être atteint vers 2060. (Source du graph : GIEC[1], 2007)



Processus longs et courts dans le cycle du carbone. Le temps de résidence d’une molécule de CO2 dans l’atmosphère est de 100 ans, et 12 ans pour le CH4 (qui se transforme alors en CO2). Ce qui explique pourquoi le fait de stopper nos émissions n’empêcherait pas le climat de se réchauffer pendant des décennies du fait des concentrations accumulées depuis 200 ans.
Mais un problème est corrélé à cet atout : l’aide de l’océan s’amenuise du fait…du réchauffement climatique ! Il se peut en effet que l’augmentation des températures de l’océan réduise la capacité de sédimentation océanique, en ralentissant, voire supprimant sous certaines latitudes, les courants océaniques responsables (au niveau du Groenland et dans le Pacifique) du dépôt des sédiments.
Par ailleurs, la déforestation des forêts tropicales et le changement d’usage des terres (conversion en champs ou en ville) réduisent encore le rôle compensatoire de la biosphère. Et la désertification qui s’accentue à la faveur du réchauffement, en particulier en Afrique sub-saharienne, ne vient qu’accentuer le phénomène.
La biosphère (végétation, sol et océan) nous autorisent une marge de manœuvre dans la gestion de nos émissions de CO2, mais elle est limitée. On estime qu’elle peut actuellement recycler 11 Gt de CO2 par an. Mais cette quantité est susceptible d’évoluer du fait de la perturbation du cycle du carbone et de notre gestion de la biosphère.
Inutile, donc, de compter sur les puits de carbone pour résorber le problème climatique. Le seul vrai espoir de solution est de limiter les sources d’émissions de gaz à effet de serre (« mitigation »).
Pour éviter d’atteindre un seuil dangereux de réchauffement, il est nécessaire de se fixer un objectif de stabilisation de la concentration de ces gaz. Il est alors impératif d’établir précisément la marge de manœuvre que nous autorise la biosphère (11 Gt ou moins ?). On estime ainsi aujourd’hui, qu’il faudrait diviser par 4 les émissions en 50 ans. Cela pose alors la question de la répartition. Diviser par 4 dans chaque pays ? Se fixer une quantité de carbone par habitant et par an (on parle de 1,8 tCO2) ? Dans tous les cas, même si tous les habitants des pays développés doivent prendre leur responsabilité dès aujourd’hui, cela n’évitera pas que les pays en émergence (Asie, Amérique du Sud) participent aussi à l’effort général.
excédentaire
 
Zone de Texte:
Les émissions de CO2 d’origine humaine sont estimées entre 6 et 8 milliards de tonnes de C par an. Cette quantité peut paraître infime par rapport au potentiel des océans, mais elle suffit à modifier l’équilibre naturel.

Pour le graphiste : voir aussi schéma sur http://www.univ-brest.fr/physique/documents/ue_libres_ubo/UEL_Climat_chap8.pdf deux graphs en bas de page, page 4.
Source IPCC TAR

Finalement, force est de constater que l’homme fait partie intégrante du cycle du carbone (par ce qu’il induit et ce qu’il subit) mais qu’il ne semble pas en avoir pris encore pleinement conscience.
Sites Internet
http://www.ipcc.ch/pub/online.html
http://www.actioncarbone.org/main_fr.php


[1] Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat.

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